Senior, Personne âgée, Vieux, … ces identités qui tuent à petit feux

Je vais vous parler, dans ce texte, de l’identité et de la puissance que celle-ci, ou plutôt que nos identités, peuvent avoir sur nous, voire même sur notre santé.

Pour simplifier, l’identité est la réponse à la question : « Qui suis-je ? »

Si vous vous êtes posé la question « Qui suis-je ? », vos réponses ont pu être variées, depuis « Je suis un parent », « Je suis un pharmacien », « Je suis un employé », « Je suis un homme », « Je suis une femme », « Je suis une personne religieuse », « Je suis jeune », etc.

En réalité, il existe une infinité d’identités possibles que nous utilisons les unes à la suite des autres en fonction des circonstances.

Lorsque nous allons au travail, beaucoup d’entre nous adoptent l’identité du « salarié », voire même celle du « bon salarié ».

Lorsque nous rentrons chez nous le soir, avec nos enfants, nous pouvons adopter l’identité du « bon parent », du « parent responsable », du « parent exigeant », du « parent réussi », etc.

Or, l’identité comprend l’ensemble du système de croyances et de valeurs qui y sont rattachées.

Par exemple, l’identité de « salarié » intègre un système de valeurs et de croyances spécifiques.

Il en va de même pour chacune de nos identités.

Ensuite, le mental va veiller à ce que nous respections les valeurs et les croyances de l’identité que nous sommes en train d’incarner.

C’est ainsi que si vous qualifiez une personne de « mauvaise », cette personne pourrait avoir tendance à accepter l’identité que vous essayez de lui attribuer, et ainsi à intégrer les valeurs et les croyances correspondantes. Ou alors, elle pourrait adopter un autre rôle, comme celui du « rebelle » par exemple, et acquérir également les valeurs et les identités associées à ce rôle.

C’est un processus psychologique connu et très puissant.

En psychologie, nous appelons ces identités des entités éphémères. D’ailleurs, en pratiquant la méditation, il est possible de mieux prendre conscience de l’aspect éphémère et irréel de ces identités.

Ainsi, en fonction du terme que l’on utilise pour décrire une personne, on lui impose en quelque sorte un système de croyances et de valeurs.

Et il en va de même lorsque nous qualifions des personnes de « seniors » ou de « personnes âgées », car celles-ci vont progressivement intégrer et interpréter leur rôle de senior ou de personne âgée avec l’ensemble des systèmes de croyances et de valeurs qui en découlent.

Cela comprend souvent une plus grande fragilité, une moindre dextérité, une croyance en la perte d’appétit avec l’âge, et ainsi de suite, tout un ensemble de caractéristiques liées à l’identité de senior ou de personne âgée.

D’ailleurs, c’est également pour cette raison que beaucoup de jeunes seniors rejettent cette identité, car le cadre représenté par les valeurs et les croyances souvent associées à cette identité de senior ne leur correspond pas.

Lorsqu’une personne adopte l’identité de senior ou accepte cette identification, elle intègre également le système de valeurs et de croyances qui y sont liés.

Or, on sait maintenant que les croyances ont un impact extrêmement fort sur nos vies, mais aussi sur notre santé.

Une personne se définissant comme senior, et croyant par conséquent être plus fragile, peut adopter des comportements qui pourraient accélérer cette fragilité.

Ainsi, qualifier les individus de seniors ou de personnes âgées, en insistant sur le caractère positif et naturel du vieillissement, comme le font certains experts, peut avoir des effets néfastes.

Cela ne prend pas en compte l’impact de l’entourage qui, inconsciemment ou instinctivement, lorsque leurs parents sont désignés comme papy et mamie, modifie son comportement pour s’adresser non seulement à des parents, mais aussi à des grands-parents, avec tout l’imaginaire que cela représente.

Même le terme affectueux « mamie », qui peut être perçu comme négatif par certains d’entre nous, comporte des valeurs et des croyances potentiellement néfastes pour la santé.

On observe ces comportements lorsque l’on parle à des personnes âgées en utilisant des termes et un ton infantilisants, comme si on s’adressait à des enfants. Dans ce cas, l’entourage renforce l’identité, les valeurs et les croyances associées à la personne à qui il s’adresse.

L’identité, les systèmes de valeurs et les systèmes de croyances ont une incidence très forte sur l’espérance de vie et sur les comportements que les individus peuvent adopter.