Dans la Silver économie, certaines entreprises se trompent de combat.
Elles pensent appartenir à une “filière”. Alors, elles se diversifient : rachat d’acteurs de l’habitat, création d’offres “hors les murs”, lancement de services pour les mêmes publics âgés…
Sur le papier, c’est cohérent. Dans les chiffres, beaucoup moins.
Depuis plusieurs années, le secteur empile les initiatives, sans se demander si elles créent réellement de la valeur.
Car en stratégie corporate, la diversification n’a de sens que si elle accroît les revenus ou crée des synergies de coûts.
Sinon, c’est juste de la complexité en plus.
Et la complexité détruit la valeur.
La fausse promesse de la diversification
Prenons un exemple.
Un groupe d’EHPAD rachète une résidence services seniors.
Même public ? Oui.
Même métier ? Non.
Les équipes, les réglementations, les attentes clients, les modèles économiques diffèrent. Les synergies sont faibles, voire inexistantes.
On double les coûts sans doubler la performance.
C’est d’ailleurs ce qu’on observe aujourd’hui : plusieurs groupes se délestent de leurs activités “hors cœur de métier”.
La promesse de la “Silver économie globale” n’a pas tenu.
Ce que veulent vraiment les actionnaires
Les dirigeants adorent croître.
Les actionnaires, eux, préfèrent rentabiliser.
Deux visions, deux temporalités.
Pour le manager, chaque nouveau territoire est un trophée.
Pour l’actionnaire, c’est un risque supplémentaire.
Et dans une logique de création de valeur pour l’actionnaire, une entreprise doit soit croître utile, soit s’arrêter.
Un portefeuille d’activités n’a de sens que si chaque brique augmente le rendement global du capital investi.
Sinon, l’investisseur préfère posséder deux entreprises spécialisées plutôt qu’une seule éparpillée.
L’illusion du “même public”
Beaucoup se disent : “Je m’adresse aux seniors, donc je reste dans la Silver économie.”
Erreur classique.
Le même public ne signifie pas le même métier.
Servir un senior chez lui, dans une résidence ou dans un EHPAD, ce sont trois modèles économiques, trois cultures de gestion, trois niveaux de risque.
La vraie question n’est pas “À qui s’adresse-t-on ?” mais “Comment cette activité renforce-t-elle notre avantage concurrentiel ?”.
En conclusion
La Silver économie n’est pas une filière.
C’est un champ d’opportunités, mais chaque entreprise doit y tracer sa propre frontière stratégique.
Croître pour croître n’a jamais créé de valeur.
Dans ce marché, comme ailleurs, mieux vaut être concentré et rentable que dispersé et épuisé.
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