Créer une marque B2C pour seniors : mythe ou réalité ?

une marche parle aux seniors

Quand on échange avec des entrepreneurs de la Silver Économie, une idée revient souvent : « Il est impossible de créer une marque B2C pour les seniors. »

C’est à la fois vrai.
Et faux.

Tout dépend de ce qu’on appelle créer une marque B2C.

Être reconnu… ou vendre ?

Si l’objectif est de bâtir une marque mémorisée, inscrite dans la tête des 50+ comme Nike l’est dans le sport ou Nespresso dans le café… alors oui, la tâche est beaucoup plus difficile.
Pourquoi ? Parce que la mémorisation coûte cher. Très cher.

Un directeur marketing d’un grand tour-opérateur me confiait un jour : « Si on coupe la publicité six mois, la marque disparaît des radars. »
Chez les 50+, c’est encore plus vrai. Ils ne sont pas attentifs à une promesse tant qu’ils n’y voient pas un besoin immédiat.

Et pour inscrire une marque dans l’imaginaire collectif, il faut répéter, répéter, répéter… à la télévision, dans les médias de masse, là où l’attention existe encore.

Mais vendre, c’est autre chose

Construire une marque B2C, ce n’est pas forcément viser la notoriété.
C’est aussi — et surtout — développer un chiffre d’affaires.

Or là, c’est possible.
Très possible.

Pourquoi ? Parce que la plupart des jeunes seniors n’ont pas de référentiel de marques dans la Silver Économie.
Je n’ai pas de « top of mind » en matière de téléassistance. Ou d’aménagement du domicile.
Ce vide crée une opportunité : le jour où je décide de m’y intéresser, la première marque crédible, visible, disponible… a toutes ses chances.

Pas besoin d’être Stannah ou Saga (en UK). Il suffit d’être présent au bon moment.

La matrice CC : Conscience → Connaissance

J’appelle cela la Matrice CC.
Un senior passe par deux étapes :

  1. Conscience de la situation (prise de conscience d’un besoin ou d’une baisse).
  2. Connaissance des solutions possibles.

Avant la prise de conscience, la communication passe à côté.
Après, la marque devient pertinente — si elle est là, accessible, identifiable.

Un paradoxe stratégique

Les marques Silver Économie paient un double prix :

  • Elles s’adressent à des personnes qui ne veulent pas encore s’identifier à la « baisse ».
  • Mais elles doivent aussi être prêtes à capter l’attention au moment précis où cette prise de conscience arrive.

C’est là que beaucoup de startups se trompent.
Fortes de leur expérience passée, elles croient qu’elles vont « imposer » une marque B2C aux seniors comme on impose une app aux millennials.
Mais les règles du jeu ne sont pas les mêmes.

Conclusion

Créer une marque B2C pour les seniors est donc possible.

  • Possible si l’objectif est de générer du chiffre d’affaires au bon moment, avec une offre claire.
  • Beaucoup plus difficile si l’ambition est de construire une marque mémorisée, une « love brand » senior.

Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas essayer.
Cela veut dire que la stratégie, les budgets et les attentes doivent être ajustés.

Et c’est précisément là que se joue l’avenir de la Silver Économie :
entre les marques qui croient devoir « séduire » les seniors dès 50 ans…
et celles qui attendent le moment décisif pour entrer dans leur vie, avec simplicité et évidence.